samedi 27 juin 2015

La vie en vert, et puis

Cachée  derrière mon objectif, j'oublie. 
J'oublie les hommes, les femmes, les enfants, la misère, la violence.
Je vois la vie en vert.

Parfois je n'y arrive pas, et là, je n'y arrive plus. Le vert se teinte de noir, couleur des pensées qui me hantent. Il se teinte de rouge, couleur de ma colère.
Je cherche la lumière, un cadrage idéal, et transforme ce que je vois en ce que je désire voir. 
J'ai alors le sentiment fugace d'avoir le contrôle, de pouvoir tout changer.
Je sais que ce n'est qu'une illusion.
Pourtant, l'image reste, la photo est prise.



mardi 9 juin 2015

Sans parole

Elle me fixe de ses deux gros yeux ronds, je voudrais éviter ce face à face.
Pourtant, je m'arrête face à elle et me décide à soutenir son regard.
 Qu'exprime-t-il? Les hypothèses se bousculent: la colère? la déception? la culpabilité? la sienne? la mienne?  Je ne sais pas, l'exercice est trop difficile.
Je ne cherche plus les mots, je n'en ai pas, je baisse lentement les yeux, je ne sais pas.
Mon regard descend, sa bouche, son menton, son buste échoué contre le mur, et son ventre.
Énorme et tendu, promesse d'un avenir sombre, mon regard s'arrête là. Trop longtemps.
 Et là je sais.
Mon regard remonte à la rencontre du sien, mes épaules se baissent, je soupire, ses paupières cillent, je tourne le dos et m'éloigne. J'ai mal au cœur.

mercredi 18 janvier 2012

photo de  Norbert SCHAEFERT





         LUCIE 
















Je n'ai jamais aimé les bonnes soeurs et toutes leurs bondieuseries. Ces histoires de curé, c'est bon pour les bonnes femmes! Libre à elles d'aller tremper leur pogne dans l'eau du bénitier. Dans la messe, y a qu'une chose de bonne, c'est le bistrot d'en face avec mes potes.
Le bistrot, on en passe du temps c'est vrai, et je peux vous assurer qu'on boit pas d'eau bénite!
Bref, que j'vous raccroche à mon fil, c'est de ma petite soeur dont je voulais vous causer, ma sainte nitouche préférée, ma Lucie. Je ne connais pas son nom, mais c'est une femme de fer, Lucie Fer, mouarf!
Comment un type comme moi s'est-il acoquiné avec la soeurette me direz-vous?
Et bien tiens, au bistrot pardi.
Quand je vous, elle n'a peur de rien, et c'est pas peu dire...
Lucie, elle profite de la messe pour venir s'installer avec nous dans la salle du fond de "chez Léon". Elle dit que c'est le meilleur moment. Non pas qu'elle ait peur du qu'en dira-t-on, tssss, pas son style. Juste, elle n'aime pas choquer.
Quand elle nous cause, elle parle un langage tout prés du notre. Elle a grandi à Paris, rue de Menilmontant.
Me demandez pas comment elle a aterri chez nous dans le Berry. Elle dit juste que "berichonne" est un mot qui lui va comme un gant à la main du bon dieu.
Pis pas besoin de ricard pour lui faire pétiller les yeux...Ah, Lucie...j'peux pas croire qu'aucun gaillard l'ait jamais culbutée. Celle-ci, jeune, ça devait être quelque chose.
J'me suis toujours dit que c'est un chagrin d'amour qui avait du briser sa jeunesse. Pis y a des façons de pas dire parfois, qui en disent plus long que les mots.
Aux détours de quelques dimanches matins, j'l'ai entendu, moi, le malheur de Lucie. Cet évêque qu'elle a si bien connu gaminette, il lui en avait fait des cadeaux le bougre. Y a bien des fois où il a du ne pas lui en faire, des cadeaux!
Pas catholique ce bonhomme;
j'le vois bien dans les prunelles délavées de la soeurette, délavées par trop de larmes.
Qu'est-ce qu'elle pouvait faire, hein?
Bah, c'est les voiles qu'elle aurait du prendre à la place du voile, j'vous l'dit.
Remarque, elle a un air de s'arranger, même avec son costume trois pièces, qui la sort du lot. La cornette de travers, le chapelet en sautoir et une façon unique de relever sa robe en sautant des flaques imaginaires.
Et oui, 85 ans et elle saute toujours. On la remarque illico quand elle accompagne son troupeau de corbeaux.
Parfois, elle pique une taffe. J'vous jure, elle paye la coquine!
Elle essaie de nous faire croire qu'elle sait pas fumer, elle toussotte, fait mine de s'étrangler, tu parles d'une coquette.
Paulo et Norbert font même des efforts pour pas roter quand elle s'installe là, sur la petite chaise en formica, chez Léon.
Bon, ils peuvent pas s'empêcher de jurer, mais, nom de dieu, c'est pas faute d'essayer. Et Lucie, ben ça la fait rire.
Moi, Lucie, quand elle rit, j'oublie ses rides. J'peux pas m'empêcher d'en vouloir à cet évêque qui me l'a embringuée là dedans...
Avec moi, Lucie, c'est des robes à fleurs qu'elle aurait portées, et des colliers en perle de verre de toutes les couleurs. Ah, c'est sur, avec moi, Lucie, elle aurait pu vivre en couleur au lieu de ce putain de film en noir et blanc.









dimanche 27 février 2011

dimanche 20 février 2011

Le morceau du dimanche soir

Lorsque les mots se refusent à moi, c'est à la musique qu'ils s'offrent pour devenir cadeaux..

This is my freedom,
This is my voice,
My piece of Eden,
My blind-eyed choice.

These are my movements,
These are my arms,
This is my trumpet,
These are my... drums.

Let me go
Let me go

This is my moment,
Again and again,
I'm not existing,
I have never been !

I am my future,
I'm on my way,
Forever forever,
Let's play, let's play !

Let me go
Let me go



dimanche 13 février 2011

le morceau du dimanche soir

Quand le dimanche soir rime avec angoisse.
Les années passent et, à chaque écoute, une boule se noue au creux de mon ventre, monte le long de ma gorge, et cherche à m'étouffer.

Pink Floyd - The Wall-Empty Spaces
envoyé par fuzz59. - Regardez la dernière sélection musicale.

dimanche 6 février 2011

le morceau du dimanche soir

Découverts avec l'excellentissime sweet dogs au groove irrésistible, Trolle et Siebenhaar m'embarquent!